Lucas Leiva, deux brésiliens peuvent en cacher un autre

     Quand on parle Brésil à Liverpool, on pense évidemment aux superbes Coutinho et Firmino, les compères d’attaque qui provoquent folie, buts, et reins cassés. Mais il en est un autre qui forme avec eux un trio auriverde, qui se trouverait à la dernière place sur un podium technique, mais premier sur la fidélité au club. Celui qui peut également provoquer des reins cassés, mais par un crampon trop haut : monsieur Lucas Pezzini Leiva !

Fidèle Lucas

     Le blondinet en est actuellement à sa dixième saison à Anfield. Une longévité rare, que seuls de réels bons joueurs peuvent espérer dans un club d’un standing comme celui de Liverpool. Car si Lucas n’est pas aussi fin techniquement que l’était Gerrard, aussi puissant que l’est Emre Can, ou aussi intelligent que l’était Mascherano, il fait partie de ces milieux complets au profil de couteau-suisse, si précieux pour les coachs. Preuve en est que si l’on fait exception de la saison 2011-2012 gâchée par une blessure au genou, Lucas Leiva joue une moyenne de 26,5 matchs par saison. Quand on connaît le nombre de joueurs passés furtivement dans un club qui était finalement trop grand pour eux, le parcours et la longévité du brésilien sont à louer.

Le style Brésilien ?

     Le natif de Dourados au Brésil ne possède pas réellement de style, ce qui peut le desservir. Marquant très peu et délivrant encore moins de passes décisives (six buts pour quatre passes), il est rarement directement impliqué dans les buts de l’équipe. Pas grave pour un milieu de terrain à vocation défensive, direz-vous, mais dans un football actuel en pleine mutation et où presque tous les joueurs sont amenés à s’impliquer dans les offensives , d’aussi faibles statistiques pourraient poser problème.

     Lucas Leiva est donc résolument un milieu défensif, dont les principales qualités sont la récupération et la relance simple et rapide. Sans chichi, à la recherche du geste efficace, mettant beaucoup d’impact au contact de l’adversaire, voilà le pourquoi de sa réussite en Premier League et à Liverpool. Quand certains ont tendance à ralentir le jeu malgré une technique plus haute que la moyenne – la faute à une intelligence de jeu trop faible – Lucas Leiva fluidifie le jeu, simplement, en étant souvent la base de lancement des actions dès la récupération.

     Il fait ainsi partie de ces « joueurs de l’ombre », parfois discrets, mais si importants pour leur équipe.

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Un changement de statut ?

     Depuis l’arrivée de Jürgen Klopp à la tête de l’équipe, Lucas voit son temps de jeu fortement diminuer. Après treize journées, il n’est apparu qu’à cinq reprises en championnat, dont seulement deux fois en tant que titulaire. Tout comme d’autres, Lucas Leiva est « victime » du style du coach allemand, pour lequel il n’est peut-être pas fait. Demandant énormément d’implication, Klopp privilégie des joueurs plus puissants et plus vifs que ne peut l’être le brésilien. La concurrence au milieu de terrain est rude, ainsi Lucas voit bien sûr Henderson en tant que capitaine lui passer devant, mais aussi la recrue Wijnaldum et Emre Can, voire Lallana dans un milieu à trois.

     Si au milieu de terrain cela semble être bouché, Klopp ne souhaitant apparemment pas jouer avec un numéro 6 « classique », l’avenir de Lucas Leiva est peut-être à la défense centrale. Sur ses deux matchs en tant que titulaire, contre Leicester et Watford, notre numéro 21 a joué dans l’axe de la défense avec Joël Matip. À un poste où ses qualités de milieu défensif (récupération du ballon et relance) peuvent apporter un plus de sérénité, cela semble être un bon compromis pour voir le voir jouer davantage.

     Lucas Leiva est aujourd’hui le joueur le plus ancien du club, et de ce fait possède naturellement un statut particulier. À seulement 29 ans, il fait partie avec Milner et Klavan des plus « vieux » de l’effectif. Son expérience de la Premier League est un point très important pour « The Normal One » Klopp, et sans doute une des raisons pour lesquelles il a souhaité qu’il reste (le joueur était proche de s’engager avec Galatasaray cet été).

     Le mélange entre joueurs expérimentés et jeunes (très) prometteurs est une recette qui marche …

     Tout comme le club et l’équipe, Lucas Leiva fait sa mue. Ayant échappé à la purge forcée par l’arrivée au club du manager allemand, celui qui représente désormais le Liverpool passé accompagne les jeunes joueurs vers un futur prometteur.

     Si son futur sportif s’assombrit à Liverpool, Klopp sait bien que sa polyvalence pourrait s’avérer très utile au cours de cette saison, où la course vers le titre s’annonce rude.

Vincent Forest