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Liverpool FC – Borussia Dortmund : Jacques y était

Quelle logique y a-t-il dans le fait de continuer à croire que tout est possible quand tout semble terminé ? Il n’y en a pas.

C’est pourtant ce que j’ai fait ce jour-là. On est le 14 Avril 2016, Liverpool reçoit Dortmund pour le match retour des quarts de finale d’Europa League. Passons le « Kloppico », le match nul 1-1 à l’aller, passons tout ça car ce sont des choses rationnelles, des choses que l’on aurait pu prévoir dans le passé. Ce match retour à Anfield c’est le moment où un groupe de garçons va devenir une équipe. C’est le moment où des mecs parfois décriés vont devenir des héros. C’est le moment où Anfield, monument du football, va rappeler au monde, que personne n’est son égal.

 

 

L’avant match est incroyable, digne de la course au titre en 2014, fumigènes et feux de Bengale sont allumés à l’arrivée du bus sur Anfield Road. Nous sommes tellement, réunis, que je ne peux vous donner un chiffre. Ça chante, ça fait fait beaucoup de bruit, quelque chose est en train de se passer, le pouvoir mystique de Liverpool nous fait un premier clin d’oeil. Les centaines de mètres jusqu’a l’entrée du KOP se passent sans problème, aucune tension et un respect mutuel énorme, entre rouges et jaunes. Une fois à mon siège je respire un grand coup et apprécie le moment, le coup d’envoi est dans peut-être vingt minutes, le KOP est déjà quasi plein. Les drapeaux, les écharpes s’élèvent déjà dans Anfield, tout le monde s’attend à un début de match canon.

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Les membres de Liverpool France à Anfield pour la CHOC !

Avant que le match commence, il y a eu le You’ll Never Walk Alone… Waow. Pour ceux qui ont eu la chance d’être au stade, comme moi, ça a été dur. Oui ça a été dur de porter cette écharpe pendant je ne sais pas, cinq bonnes minutes, en criant aussi fort que possible. J’en ai presque eu des crampes, je chantais de toute ma voix, de ton mon corps, de tout mes muscles, j’étais aussi contracté que possible. Si ça en valait la peine ? C’est le plus beau YNWA que je n’ai vécu. S’en est suivi le « tifo » en hommage aux victimes d’Hillsborough, plus que jamais ils étaient avec nous ce soir-là. Pour la petite histoire on avait, avec mon pote Remi aidé à la mise en place de la mosaïque, quelle fierté !

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Et puis ça y est c’est parti, on est à 90 minutes d’une demi finale de Coupe d’Europe, Anfield fait un bruit incroyable, la logique aurait voulu que l’on s’impose 1-0, ou 2-1 avec un peu de suspense… 8 minutes de jeu, Dortmund mène 2-0… Le Borussia est assassin, le Borussia, contre n’importe quel adversaire aurait brisé les rêves de tout un stade. Mais en face c’est Liverpool, et Anfield chante encore, touché oui, mais pas abattu. Origi par deux fois, Moreno manquent de marquer, Aubameyang de l’autre côté ne nous crucifie pas. À la pause Liverpool perd 2-0, les cadres sont absents, notamment Milner et Sakho.

 

 

Tout le monde au vestiaire, en 2005 lors de la finale de la Ligue des Champions, Benitez avait dit à ses joueurs « donnez-vous la chance d’être des héros ! ». On apprendra plus tard que Klopp leur a dit de faire « quelque chose dont leurs petits enfants parleront ». Juste avant qu’ils ne reviennent, les notes d’un autre You’ll Never Walk Alone descendent du KOP, histoire de dire que nous irons au bout, ensemble, que l’on gagne 3-2 ou que l’on perde 5-0, ce sera ensemble. C’est le deuxième clin d’oeil mystique, de la ville, du club… Liverpool revient la rage au ventre, Emre Can lance Origi, 2-1. Le Kop explose, mais peu de temps après Marco Reus servi par Hummels, couvert par Sakho, bat Mignolet, il reste trente minutes, il faut mettre trois buts. Quelle merde, passez moi l’expression, les fans de Dortmund sont en folie, Tuchel et tout son staff aussi, le contraste c’est que côté rouge il y a du relâchement…

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Oui du relâchement pendant trente secondes, deux minutes tout au plus, car une nouvelle fois, dans l’adversité on recommence à chanter. Dortmund défend comme une équipe de handball, quant à moi je stress comme jamais, je n’ai plus d’ongle, il ne me reste que ma foi et mes vêtements. Une voix dans ma tête me dit alors, « un avant la 70ème, un avant la 80ème, un avant la 90ème et c’est bon ». Coutinho, Milner, Coutinho… 3-2 à la 66ème, tout est possible. Dortmund est chahuté, comme si Anfield était en train de les faire capoter. Ils sont battus dans l’agressivité, dépassés dans le rythme. Les corners se suivent, mais le pauvre James Milner est hué car aucun n’est bien tiré.

C’est alors Coutinho qui va se charger de celui là, et Sakho reprend et marque. Improbable, il n’avait plus marqué depuis deux ans, il est responsable peut-être indirectement de tous les buts de Dortmund. Il saute et pique sa tête, 3-3 les amis, 3-3 avant la 80ème minute. C’est encore plus que jamais une attaque-défense, on est 45000 sur le terrain, on ne peut que gagner maintenant, mais il faut marquer car malgré ça, nous sommes toujours éliminés. Il n’y a plus de tactique, que de l’attaque, Dejan Lovren tente une reprise de volée, mauvais pied de l’angle de la surface, ça finit au dessus de KOP, il gâche une belle occasion.

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4 minutes de temps additionnel, et coup franc pour Liverpool. James Milner va pour le tirer, il a raté tout ses coups de pied arrêtés ce soir. Il lance Sturridge côté droit, qui loupe son contrôle, mais qui remet je ne sais comment à Milner dans la surface, James Milner centre au second poteau… Et soudain surgit face au vent, le vrai héros de tous les temps, Dejan Lovren contre chacal, l’aventurier contre tout guerrier. 4-3, j’attrape Ant, Remi, qui sont à mes côtés, j’embrasse l’inconnu derrière moi. Je monte debout sur les sièges, je crie, je pleure, je ris. On a gagné, Liverpool a marqué trois buts en une demi heure. Ce n’est pas que Lovren qui a mis cette tête, tout le monde a sauté avec lui.

 

 

Je vous parlais de clins d’oeil mystiques pour une raison, c’est qu’il y a quelque chose en plus avec ce club. Jurgen Klopp était surement le chainon manquant entre nous et les joueurs. En parfaite harmonie, comme nous l’étions ce soir là, nous pouvons renverser des montagnes. Je n’ai rien vécu d’aussi fort, les plus anciens nous diront qu’ils n’avaient pas vu Anfield dans cet état depuis 2005, et la demi finale contre Chelsea. Ce soir-là, et comme souvent à Liverpool, c’était plus que du football, j’ai vu une personne, un homme d’un certain âge que je ne citerai pas, fondre en larmes dans mes bras. Je me suis vu assis par terre, adossé à Anfield, en me disant que ça valait toute la fortune du monde. J’ai pensé à toutes les familles des victimes d’Hillsborough, la veille du 27ème anniversaire de la tragédie. J’ai pensé à toutes ces personnes qui ne supportent pas forcement Liverpool, qui devant leur télé ont du se dire « waow » !

Ce match est dans la légende, au niveau de la finale et de la demi finale de 2005, du 4-0 contre le Real Madrid, de la victoire au Nou Camp. Seulement il faudra aller au bout et gagner cette coupe, tous ensemble, pour que nos petits enfants parlent de ce match comme si ils y étaient.

Jacques Santucci
Membre Liverpool France

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